Le secteur maritime s’implique dans la lutte contre le changement climatique avec le développement des cargos décarbonés. On fait le point sur cette innovation, soutenue notamment par Michel Desjoyeaux.
Vue conceptuelle du projet Neoline – Crédit photo : Mauric – Source : https://www.natura-sciences.com
Qu’est-ce que le transport maritime décarboné ?
Les porte-conteneurs qui sillonnent les océans d’un continent à l’autre font partie des navires les plus polluants au monde. Sachant que 90 % du transport de marchandises s’effectue par bateau, adapter ce mode de transport à la lutte contre le changement climatique est devenu une nécessité.
Dès 2018, l’Organisation Maritime Internationale a fixé un objectif de réduction de 40 % des émissions de CO2 d’ici à 2030. Comment réduire efficacement le bilan carbone de ces géants des mers ?
Grâce à des méthodes de propulsion décarbonées, basées sur une énergie connue depuis l’invention de la navigation : le vent. Tout simplement ! Bien que les compagnies de paquebots et de marine marchande la boudent depuis 150 ans, la propulsion vélique pourrait être la solution idéale pour le transport maritime du futur.
Les défis du transport maritime à la voile
Des cargos équipée de voiles géantes : une idée farfelue ? Loin de là. Des contraintes techniques, en revanche, certainement. Déplacer des navires imposants comme des immeubles à la seule force du vent n’est pas le but. Il s’agit davantage de concevoir des voiles optimisées pour tirer parti des éléments et réduire la consommation des navires.
« Le retour à l’utilisation de la voile sur un bateau de commerce, c’est juste le retour à du bon sens », souligne Michel Desjoyeaux, impliqué dans le développement de ces projets avec le bureau d’études Mer Forte.
Plus qu’un cargo à voile, c’est un véritable modèle économique… « C’est le genre de projet qui plairait bien à Darwin parce que celui qui survit n’est pas forcément le plus gros et le plus costaud, c’est celui qui arrive à s’adapter, notamment à s’adapter à l’enjeu de son époque », ajoute-t-il.
Quand Michelin se lance dans le transport maritime : focus sur le projet WISAMO
Parmi les projets en cours, il y a WISAMO, développé par Michelin avec la collaboration de Michel Desjoyeaux. Une innovation étonnante qui pourrait bien révolutionner la mobilité marine : imaginez des ailes gonflables et rétractables pouvant atteindre 1000 mètres de large ! « Il va falloir que les officiers de marine marchande aient une formation voile, comme il y a 150 ans », prévient le Professeur.
Vue du projet WISAMO – Crédit photo Michelin – source : https://www.usinenouvelle.com/
Michelin vient d’annoncer qu’il va réaliser dès la fin de 2022 sur le roulier porte-conteneurs « MN Pelican » de la compagnie Maritime Nantaise les premiers essais avec un prototype d’aile d’une surface de 100 m².
Les essais réalisés en 2021 sur le lac de Neuchâtel en Suisse avec le voilier de Michel Desjoyeaux se sont montrés concluants et ont permis de lancer une nouvelle phase de tests plus approfondis, en conditions maritimes hivernales dans le Golfe de Gascogne. Le voilier convoyé vers Royan doit parcourir ses premiers miles dès la fin février !
La voile conçue par l’équipe WISAMO pourra ainsi être installée sur la plupart des navires marchands et bateaux de plaisance. Propulsée par le vent, une énergie universelle, inépuisable et gratuite, cette aile révolutionnaire a tout bon : elle permettra de baisser sensiblement la concommation de carburant tout en ayant un impact environnemental positif grâce à la baisse des émissions de CO2.
L’objectif ? Économiser jusqu’à 20 % d’énergie, selon les conditions météo. À l’heure où le transport maritime mondial amorce sa transition écologique, on ne peut que se réjouir de vous parler de ces projets proprement révolutionnaires, d’autant que 70 % des entreprises qui proposent des solutions de propulsion véliques sont françaises.